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La Minute Volume 2 Numéro 12

Connaissez-vous le prix Rodolphe-Fournier?

Les contrats de mariage et les actes de transmission permettent aux généalogistes d’établir les liens familiaux ; les testaments et les inventaires après décès servent de base de données afin d’évaluer la richesse ou le niveau de pauvreté des citoyens d’un lieu donné; les actes de transfert constituent une source incontournable afin de suivre et de faire connaître l’évolution du territoire.

Le prix intitulé « Prix Rodolphe-Fournier » a été institué suite au décès du notaire Rodolphe Fournier qui fut un passionné de la recherche historique, un chroniqueur prolifique et l’un des fondateurs de la Fédération des sociétés d’histoire du Québec, devenue aujourd’hui la Fédération Histoire Québec. 

Né à Sainte-Marie-de-Monnoir (Marieville) en 1907, le notaire Fournier prenait grand honneur à mentionner qu’il était de la neuvième génération au Canada, tant du côté paternel que maternel. Ses études classiques complétées au Collège de Mont-Laurier, il fut admis au notariat en 1935 et exerça sa profession dans la région de Montréal.

Le notaire Fournier consacrait de nombreuses heures à une passion qui ne devait rester longtemps secrète. Membre fondateur de la Société Saint-Jean-Baptiste d’Iberville, il oriente les activités de celle-ci vers la recherche historique. Rédacteur pendant près de vingt-cinq ans à l’hebdomadaire Le Richelieu de Saint-Jean, il signe des centaines d’articles dont le plus grand nombre est consacré à l’histoire.

Il fonde en 1952 la Société historique de la Vallée du Richelieu et assure la publication de huit de ses Cahiers. L’un des fondateurs de la Fédération des sociétés d’histoire du Québec dont il fut président honoraire, il a dirigé pendant quatre ans son bulletin et fut l’un des promoteurs et rédacteurs de la revue Québec-Histoire. Il fut aussi membre honoraire émérite de la Société d’histoire du Haut-Richelieu et lauréat du Prix David-M.-Stewart de la Fédération des sociétés d’histoire du Québec.

Mais la passion du notaire Fournier ne devait pas s’arrêter là.  Il fut l’auteur de nombreux ouvrages d’histoire dont la série Lieux et monuments historiques à l’intérieur de laquelle il recense les monuments et sites historiques de plusieurs régions de la province.

La création du prix Rodolphe-Fournier a été annoncée le 6 mai 1989 par le président de la Chambre des notaires du Québec, le notaire Jean Lambert lors de l’assemblée annuelle de la Fédération des sociétés d’histoire du Québec et du banquet qui l’a suivi et en présence des membres de la famille immédiate du notaire Fournier. Par la suite, un protocole d’entente a été signé le 8 juin 1992 entre la Chambre des notaires du Québec, alors représentée par le notaire Jacques Taschereau le président de l’Ordre à ce moment, et la Fédération des sociétés d’histoire du Québec. Le concours s’adresse aux membres des sociétés d’histoire, aux étudiants, aux historiens amateurs ou professionnels et à toute autre personne s’intéressant à la recherche en histoire.

Cette année, le jury composé de M. Normand Robert historien et ancien président de Fédération Histoire Québec et président de la société de recherches historiques Archiv-Hiso, de Me Jean Hétu avocat et professeur à la Faculté de droit de l’Université de Montréal et de moi-même Me Marc Laporte notaire à Sainte-Thérèse, bachelier en histoire et ancien président de la Société d’histoire des Mille-Îles, ont dû départager entre quatre travaux de grande qualité qui nous ont été soumis.

Le prix Rodolphe-Fournier est décerné cette année à M. André LaRose pour son article intitulé « Un terrier en pièces détachées : les titres nouvels de la seigneurie de Beauharnois (1834-1842) ». Cet article est paru en 2016 chex Septentrion dans Nouveaux regards en histoire seigneurial.

 M. LaRose nous explique que les « titres nouvels » est un acte notarié déterminant les droits et obligations  des seigneurs et censitaires du régime seigneurial. En fait le « titre nouvel » nous renseigne sur les hommes, la terre et l’argent. Pour sa remarquable étude, M. LaRose a étudié les « titres nouvels » du notaire Ovide LeBlanc pour reconstituer le mouvement de la concession des terres dans la seigneurie de Beauharnois. C’est donc à une véritable étude socio-économique du régime seigneurial à partir d’archives notariales que nous  convie M. LaRose.

Le comité tient à accorder une mention honorable au mémoire aussi méticuleux que rigoureux de Karine Pépin intitulé « Mariage et altérité : les alliances mixtes chez la noblesse canadienne ».

A l’aide des registres paroissiaux et des archives notariales, l’auteure dresse un portrait des mariages inter-ethniques après la conquête  ou plus légèrement, le penchant des « canadiennes » pour les officiers anglais, intrigue que l’on retrouve dans la série télévisée Marguerite Volant. Encore là, nous avons une brillante étude socio-économique d’une colonie qui change de métropole, et dont la noblesse tente tirer profit d’un « bon mariage » pour maintenir son rang.

Je ne saurai passer sous silence le magnifique ouvrage de M. Guy Turcotte intitulé « Plus de 100 ans au Manoir Mauvide-Genest à Saint-Jean-de-l’Île-d’Orléans » publié chez Les Éditions GID. M. Turcotte a su exploiter les archives notariales pour relater la formation et la carrière du notaire J.S.N. Turcotte, un homme d’exception, qui ouvre en 1905 son étude à Normandin, au Lac-Saint-Jean. Les 100 ans de notariat que son fils Jean-Joseph et lui ont cumulé et l’implication de ces deux hommes généreux et engagés au service de de leur communauté sont une véritable source d’inspiration.

Enfin, il m’est important de souligner le sympathique ouvrage de M. Claude Blouin intitulé « La Maison Fraser-Mackenzie » publié par la Société d’histoire de la région de Terrebonne. A travers l’histoire d’une propriété rendue possible notamment grâce aux archives notariales, M. Blouin évoque un large passé de la région de Terrebonne.

L’acte notarié d’aujourd’hui deviendra le témoin de demain de notre Histoire et restera cette source de premier choix pour les historiens et généalogistes.

 Me Marc Laporte, notaire

Sainte-Thérèse, Québec

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