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La Minute Volume 3 Numéro 6

Mourir, ou pas, sur Facebook

La mort et les réseaux sociaux ne vont pas toujours bien ensemble. L’apparition de souvenirs proposés par Facebook ou l’inscription d’un commentaire sur le compte du défunt entraînera l’apparition d’images de disparus sur les fils de nouvelles de leurs proches et les peinera souvent inutilement. Alors que faire du compte Facebook d’un défunt?

Il faut tout d’abord prendre note qu’à moins d’être informée d’un décès, l'application Facebook ne fera rien et le compte sera maintenu indéfiniment. Si telle est votre volonté, il n’y a donc rien à faire de plus. Mais depuis quelque temps, Facebook offre deux autres choix.        

Premièrement, vous pouvez demander la suppression totale du compte du défunt. Pour ce faire, il faut se rendre au formulaire approprié sur le site de Facebook (par une recherche sur le site) et remplir les informations demandées. Il s’agira de vous identifier, d’identifier le défunt, de fournir l’adresse de sa page et de produire une preuve de décès. À ce niveau, la barre n’est pas très haute, une simple rubrique nécrologique suffira. Après examen des documents, Facebook procédera à la suppression du compte. Cette solution sera irréversible.

La fermeture du compte d’une personne inapte peut aussi être demandée. En pareil cas, une copie du jugement et un rapport médical seront cependant requis.

En deuxième lieu, Facebook offre aussi la possibilité de convertir la page du défunt en page de commémoration. En pareil cas, suite à une demande comparable, le personnel du réseau social retirera toutes les informations nominatives du compte (adresse, etc.) ainsi que les données de connexion qu’utilisait le défunt. Ces précautions visent à éviter que le compte ne soit piraté. À partir de ce moment, seules les personnes faisant partie de sa liste d’amis pourront écrire sur le mur ou intervenir sur les publications, ceci afin d’éviter les interventions de mauvais goût de la part de tiers. Pour le reste, la page sera cependant figée, plus aucun affichage ne pouvant y être ajouté, sauf si le défunt a désigné de son vivant ce que Facebook appelle un « contact légataire ». Cette personne pourra alors gérer la page, accepter ou refuser des demandes d’amis, superviser les publications, etc. Il pourra aussi télécharger une archive du contenu complet de la page, mais seulement si le défunt l’a autorisé à le faire au moment de procéder à sa nomination. Il faut donc réfléchir avant de désigner un tel « contact légataire ».

Il faut aussi garder à l’esprit que toute personne abonnée à la page recevra des notifications de ces publications post-mortem, ce qui pourrait être difficile émotionnellement. La seule façon de l’éviter est de se désabonner de la page de commémoration ou d’arrêter de la suivre.

Finalement, il est possible de son vivant de demander d’avance que notre page soit supprimée à notre décès. En pareil cas, votre décision sera appliquée dès que Facebook sera avisée du décès, peu importe si la demande vise une conversion ou une suppression. Tous les contenus seront alors détruits. Cette fonction se trouve dans les réglages généraux, sous la même rubrique que celle permettant la fermeture immédiate d’un compte. Il faut cependant cocher la boîte reportant la fermeture au décès.

N’oubliez pas non plus que d’autres actifs virtuels pourraient requérir une intervention après votre décès. Une bonne façon de consigner les volontés d’une personne quant à ceux-ci est de compléter son bilan patrimonial et son annexe dédiée aux biens virtuels, dont les modèles sont accessibles gratuitement sur l’Inforoute notariale (Services aux membres / Services offerts / Commande de dépliants) et le site public de la Chambre des notaires.

En terminant, on peut se questionner sur le but poursuivi par le maintien d’une page Facebook après le décès. La « vie » d’un individu sur les réseaux sociaux est-elle à ce point importante pour souhaiter la poursuivre outre-tombe? Est-ce un signe de notre époque où, pour certains, la vie en ligne est plus importante que la vie réelle? Faut-il y voir une certaine quête d’éternité? Et mis à part les remerciements d’usage suite à la période de deuil, pourquoi vouloir continuer à y publier des nouvelles? Ces questions méritent d’être posées dans le cadre d’une telle réflexion.

Mais quoi qu’il en soit, les options restent disponibles et il appartient à chacun de faire son choix.

Pour plus d’information, consultez la procédure sur Facebook pour demander la suppression du compte Facebook d’un membre de votre famille décédé.

 

Bertrand Salvas, notaire

 

 

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